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Nude Art Today 3, préface d’Eric Patou

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Après la publication de deux tomes présentant le nu sous toutes ses formes, les Editions Patou ont décidé de se concentrer à nouveau sur ce thème si riche.

L’histoire du nu

À la fois classique, presque mythique et tellement moderne, le nu traverse tous les âges, tous les conflits et touche chaque artiste. Il apparait chez les grecs, peuple très attaché au corps auquel il vouait un véritable culte. Ils vénéraient l’expression de la beauté physique et l’interprétaient de la façon la plus parfaite possible. Selon Aristote : « L’art complète ce que la nature ne sait pas achever, l’artiste nous révèle les dessins irréalisés de la nature ». Les grecs utilisaient des techniques mathématiques afin de représenter le corps masculin, image idéalisée de l’esprit, de la morale et de l’éthique quasi divine. L’artiste, à la manière d’un pygmalion, donne forme à des corps réguliers, proportionnés et harmonieux. La Renaissance permet une redécouverte du monde au XVe siècle et notamment une révolution dans les arts. Après un Moyen-âge de désamour, le nu réapparait. L’étude des proportions reste très importante mais le sujet commence à se démarquer. Prenons pour exemple L’homme de Vitruve de Léonard de Vinci, vers 1492, dessin dans lequel il décrit précisément chaque mesure du corps humain ou les nus de Michel Ange. Ils sont la démonstration parfaite du corps et de son idéalisation mais s’éloignent des représentations antiques grâce au « rythme des contours du torse élargi, (…) au modelé dense des muscles, (…) et aux détails anatomiques précis » discours d’Arnaud Hauterives, secrétaire perpétuel de l’Académie des Beaux Arts. En commençant toujours par l’étude du corps et de l’anatomie, les artistes intègrent désormais l’émotion à leurs représentations. Toute la force du David réside dans sa posture, traduisant une fulgurante violence retenue, une intensité maîtrisée. La Renaissance permet également de rétablir le corps de la femme amplement ignoré par les grecs et interdit par le christianisme. Le corps a toujours été au centre de l’art et de son enseignement. Appelé « académie » il constituait un passage obligé pour atteindre la reconnaissance des maîtres, jusqu’au milieu du XXe.

Promouvoir le nu

Notre démarche aujourd’hui est d’offrir à nos jeunes artistes émergents la possibilité d’ouvrir et d’étendre leur visibilité grâce à des artistes reconnus par le milieu professionnel. La collaboration avec de grandes galeries nous a permis d’ouvrir notre édition à l’international. Ainsi Eric Fischl, peintre néo-expressionniste et sculpteur américain nous fait l’honneur de participer à cette édition. De même que Richard Prince par l’intermédiaire de la galerie Gagosian, Pierre&Gilles et George Condo en association avec la galerie Jérôme de Noirmont ; puis Franta et Vladimir Vélicovic pour en citer quelques uns. La galerie Albert Benamou, quand à elle, présente les plus grands artistes indiens et asiatiques : Gao Brothers, Shantamani, Choi Xooang, Xu Yong+Yu Na, mais aussi Emile Morel. Enfin la galerie Alain Blondel nous dévoile les nus de Francine Van Hove. Ces artistes, comme beaucoup d’autres, offrent une vision du corps et du nu bien précise et grâce à différents supports. La représentation du nu aujourd’hui est multiple. Par tous les champs d’action développés, comme la photographie et le numérique qui se mélangent souvent avec des techniques plus classiques, le nu est devenu complexe. Les artistes s’emparent désormais du mouvement et de la matière vivante.Plus que le corps, c’est son état, ses émotions, ses souffrances que l’on cherche à capter aujourd’hui. Nan Goldin à qui l’on doit de nombreux clichés violents mais aussi poétiques du corps à bout de souffle, écrivait : « Je me disais jadis que je ne perdrais jamais quelqu’un si je le photographiais assez ». Nous tenons également à rendre hommage à Robert Mapplethorpe (1946-1989) photographe américain. Ces photographies donnent une dimension statuaire au corps notamment dans ses nus masculins et féminins musclés proches du colosse. Son cadrage des formes, des contours et des reliefs du corps créent une posture mythique à ses modèles. Nous rendons aussi hommage à Etienne Sandorfi (1948-2007) qui était un peintre hongrois à l’hyper réalisme presque surréaliste. Les corps de ses peintures qui ne semblent pas tout à fait achevés donnent une impression de flottement, d’évanescence. Ils sont presque palpables et composés d’un étonnant mélange de réel et d’extraordinaire. Le corps est à la fois vivant et amputé, mutilé dans une extrême douceur.
Nous vous souhaitons de passer un agréable moment et une bonne lecture.

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